Bienvenu sur ce blog réalisé par les étudiants de l’Université Rennes 2 qui préparent le concours de l’agrégation arts plastiques, et qui a pour but de mutualiser et partager des savoirs relatifs à ce concours.

Un grand nombre des articles que vous trouverez ici vous présenteront des fiches de lecture concernant les livres indiqués dans les différentes bibliographies relatives aux épreuves écrites.

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mercredi 20 février 2013

fiche gadamer vérité et méthode

Vérité et Méthode les grandes lignes d'une herméneutique philosophique Hans- Georg Gadamer

Première partie

Dégagement de la question de la vérité : l'expérience de l'art

-Dans la phénoménologie de l'esprit , Hegel montre que l'essence du travail est de donner forme à la chose au lieu de la consommer. En donnant forme à l'objet , c'est à dire en agissant de manière désintéressée et en fournissant quelque chose qui est universel, la conscience laborieuse s'élève au delà de l’immédiateté de son existence, à l'universel ou ; selon l'expression de Hegel, en donnant forme à la chose, elle se forme elle-même.

-  « Le sens esthétique ne se réduit pas à une dotation de la nature , c'est à juste titre que nous parlons non pas de sens mais de conscience esthétique. Ce qui n’empêche pas cette conscience d'avoir à faire à l'immédiateté des sens : dans le cas singulier elle sait démêler et apprécier avec assurance , alors même qu'elle ne peut pas donner ses raisons »

-La conscience formée ne l'emporte qu'en un point sur les sens naturels : ils sont limités à une sphère naturelle alors que celle-là est active dans toutes les directions. C'est un sens universel. Un sens universel et commun .

-La formation du sensus communis ne se nourrit non pas de vérité mais de vraisemblance. Le sensus communis est la racine commune des sens extérieurs ou plus précisément, le pouvoir qui les combine, qui juge du donné, faculté dont tous les hommes sont dotés.

-Baumgarten :  « L'appréciation sensible de la perfection s'appelle le goût. »

-Ce qui se produit sous le signe du goût, c'est l’aptitude à prendre distance par rapport à soi et à ses préférences individuelles. Ainsi comme le veut son essence la plus propre, le goût n'est pas quelque chose de privé, c'est un phénomène social de premier ordre. Il peut même, à la manière d'une instance judiciaire , s'imposer à l'inclination de l'individu , au nom d'une universalité qu'il vise et défend. En matière de goût , il y a comme on le sait aucune possibilité d'argumentation. (Kant dit avec raison qu'en ce domaine il y a dispute et non « disputatio ».

-Le concept de génie ne fait rien de plus que de mettre esthétiquement les produits des beaux-arts sur le même pied que la beauté de la nature. ( créant avec une assurance de somnambule l’œuvre qui devient expérience vécue pour celui qui la reçoit)

-Le symbole est coïncidence du sensible et de ce qui ne l'est pas tandis que l'allégorie est référence, riche de sens , du sensible à ce qui ne l'est pas.

-  « La mythologie en général et chacune de ses créations en particulier est à saisir non pas comme schème ou comme allégorie mais comme symbole. Car ce qu'exige la présentation artistique pure, c'est l'exclusion de toute différence, c'est à dire précisément que l'universel soit totalement le particulier et de même que le particulier soit intégralement l'universel, au lieu de se borner à le signifier. » Schelling

-Kant comprend comme « critique du jugement esthétique » la doctrine du beau et du sublime dans la nature et l'art. Schiller fait de la pensée transcendantale du goût une exigence morale et l'exprime sous la forme d'un impératif : conduis-toi esthétiquement !

-Ne faut-il pas aussi admettre que le concept de vécu esthétique comporte la même chose que la perception:comme elle, il accueille du vrai et reste ainsi lié à la connaissance . Notre perception ne se borne justement jamais à refléter ce qui est donné aux sens . Et il n'y a pas d'avantage de doute que sous la conduite de ses anticipations, la vision « révèle » ce qui n'est absolument pas là. Aussi, le mode d'être de ce qui est perçu « esthétiquement » n'est pas la présence pure.

-  « Quand il s'agit de présentation riche de sens, par exemple, dans le cas des œuvres plastiques, dans la mesure où elles ne donnent pas dans l'abstraction du non- figuratif, c'est la richesse de sens qui dirige manifestement la lecture de ce qui se voit. C'est seulement quand nous « connaissons » ce que l'image présente que nous sommes en mesure de la « lire », bien plus, c'est alors seulement qu'au fond l'image en est une. Voir, c'est articuler. »
...c'est seulement quand nous comprenons un texte et maîtrisons donc au moins la langue dans laquelle il est écrit qu'il peut être pour nous une œuvre d'art
La perception saisit toujours du sens .

-L’œuvre d'art n'est qu'une forme vide, de simple point de jonction de vécus esthétique, qui sont les seuls lieux où l'objet esthétique puisse trouver présence […] la discontinuité absolue, c'est à dire la décomposition de l'unité de l'objet esthétique en la multiplicité des « vécus » est la conséquence nécessaire de cette esthétique.

-  « Ce n'est que si l'on saisit bien le sens moyen du jeu que l'on peut appréhender son rapport à l'être de l’œuvre d'art. En tant que jeu sans cesse repris, sans but ni intention, ni effort la nature peut franchement être considérée comme un prototype de l'Art. » « Tous les jeux sacrés de l'art ne sont que de lointaines imitations du jeu sans fin du monde, cette œuvre d'art qui éternellement se donne forme. »
Le jeu c'est représenter, se représenter quelque chose. Or « représenter » c'est toujours virtuellement représenter pour quelqu'un. La visée de cette possibilité comme telle est constitutive de ce qui est propre au caractère ludique de l'Art.
Le jeu culturel et le jeu théâtral ne représentent évidemment pas dans le même sens que l'enfant qui joue. Ils ne s'épuisent pas dans ce qu'ils représentent mais renvoient au-delà d'eux-même à ceux qui y prennent part comme spectateurs. Le jeu, ici, n'est plus la simple auto-représentation d'un mouvement ordonné, ni non plus dans la simple représentation dans laquelle l'enfant qui joue se perd, il est un « représenter pour ... » Cette assignation propre à toute représentation trouve ici pour ainsi dire sa réalisation et devient constitutive de l'être de l'art.

-Nous avons vu que l'être du jeu ne réside pas dans la conscience ou dans la conduite de celui qui joue, mais qu'il attire, au contraire, celui-ci dans son domaine et le remplit de son esprit. Celui qui joue éprouve le jeu comme une réalité qui le dépasse. Ce que l'on reçoit essentiellement d'une œuvre d'art et ce à quoi on prête attention, c'est au contraire, la manière dont elle est vrai,c'est à dire, la mesure dans laquelle on y connaît et reconnaît aussi bien soi-même que quelque chose.

-Ce n'est jamais uniquement dans un monde étranger de magie, d'ivresse, de rêve que l'exécutant , le sculpteur ou le spectateur sont ravis ; c'est toujours à leur monde propre qu'ils continuent à être réunis de manière plus authentique, dans la mesure où ils s'y reconnaissent plus profondément. Il subsiste une continuité de sens qui relie l’œuvre d'art au monde de l'existence, et dont même la conscience aliénée d'une société cultivée ne se détache jamais complètement .

-La représentation par l'image est un cas particulier de la représentation comme événement public. Mais celle-ci a un effet rétroactif sur celle là. Celui dont l'être implique aussi essentiellement qu'il se montre ne s'appartient plus. Il ne peut, par exemple, absolument pas éviter d'être représenté en image et puisque ces représentations déterminent l'image qu'on a de lui, il doit finalement se montrer tel que son image le prescrit. Aussi paradoxal que cela puisse sembler, ce n'est qu'à l'image que le modèle doit de devenir image...et pourtant l'image n'est rien d'autre que la manifestation du modèle. L'image religieuse met pleinement en valeur la véritable puissance ontologique de l'image.
Comme le souligne la déclaration célèbre d'Hérodote, selon laquelle les Grecs devraient leurs Dieux à Homère et Hésiode qui les auraient créés.

-  « Une image n'est certainement pas un signe car l'image renvoie à quelque chose en y faisant séjourner. C'est que l'image n'est tout simplement pas séparée de ce qu'elle représente, elle a part à son être. Nous avons vu que dans l'image le représenté parvient à son être même. Il subit un accroissement d'être. »

  • A la différence du signe, le symbole ne renvoie pas seulement à autre chose , c'est en « tenant lieu » qu'il représente. Or tenir lieu signifie rendre présent ce qui ne l'est pas. Les symboles, d'eux-même ne disent rien sur ce qu'ils symbolisent. Il faut les connaître comme il faut connaître un signe si on veut savoir ce à quoi ils renvoient. En ce sens, ils ne signifient pas un accroissement de l'être pour le représenté. L'image en revanche, exerce bien , elle aussi une fonction de représentation mais elle l'exerce par elle-même, grâce au surcroît de significations qu'elle apporte. En elle, le représenté, le modèle est d'avantage présent, de manière plus authentique, tel qu'il est en vérité. Ainsi, l'image occupe une position intermédiaire entre le signe et le symbole. Pour elle, représenter n'est ni simple renvoi ni simple suppléance. Cette situation intermédiaire qui est la sienne est précisément ce qui l'élève à un statut ontologique qui lui est propre.

  • L'art est un cas privilégié de compréhension. Il n'est pas un simple objet de la conscience historique or sa compréhension inclut toujours une médiation historique.

- «  Une œuvre d'art est, elle aussi, enracinée dans son terrain et dans son sol, dans son environnement. Elle perd déjà sa signification quand elle est arrachée à ce milieu et mise en circulation, elle est comme quelque chose que l'on a sauvé du feu et qui porte désormais la marque de ses brûlures. »
Schleiermacher

-Une telle définition de l'herméneutique n'est pas moins absurde que le serait la restitution ou la restauration de la vie passée. La tentative du rétablissement des conditions originelles est une tentative que l'historicité de notre être voue à l'échec. Cette vie que l'on a rétabli n'est pas la vie originelle et elle ne fait qu'acquérir une existence seconde dans la culture.
Hegel propose une autre possibilité : celle d'équilibrer les gains et les pertes de l'entreprise herméneutique.
« Les œuvres des Muses[...]sont désormais ce qu'elles sont pour nous : de beaux fruits détachés de l'arbre. Ainsi le destin ne nous livre[...]seulement le souvenir voilé de cette réalité »
par là Hegel exprime que l'essence de l'esprit historique ne consiste pas dans la restitution du passé, mais dans la médiation réfléchie avec la vie présente.

vendredi 15 février 2013

Régimes d’historicité et présentisme


François Hartog

Régimes d’historicité et présentisme


Conférence de François Hartog. Il explique ses notions de "régimes d'historicité" et de "présentisme". A voir ici.