Bienvenu sur ce blog réalisé par les étudiants de l’Université Rennes 2 qui préparent le concours de l’agrégation arts plastiques, et qui a pour but de mutualiser et partager des savoirs relatifs à ce concours.

Un grand nombre des articles que vous trouverez ici vous présenteront des fiches de lecture concernant les livres indiqués dans les différentes bibliographies relatives aux épreuves écrites.

N’hésitez pas à ajouter vos commentaires, indications et liens utiles.

lundi 19 novembre 2012

Ut Pictura Poesis


Ut Pictura Poesis

L’art Poétique ou Epître aux Pisons
Horace

Horace, poète romain, rédige son épître probablement en 14 av J.-C. On ne sait pas exactement qui sont les Pisons, un père et ses fils auxquels s’adresse l’auteur. Horace, dans cette épître, cherche à poser les règles fondamentales de l’art poétique, mais tente également de lui redonner une légitimité à une époque où des amateurs médiocres s’en emparent. Pour lui, la poésie est un art extrêmement important, qui a des fonctions morales, religieuses et sociales.
Sous forme de conversation, Horace passe d’un sujet à l’autre sans réel plan, si ce n’est qu’il aborde successivement la poésie en générale, l’art du poème, puis le statut et l’attitude du poète.
Je me suis particulièrement penché sur les extraits qui peuvent avoir un lien avec l’art pictural, mais aussi ceux qui concernent l’organisation du récit.
Il faut noter, pour conclure, l’importance de ce texte qui influença la pensée et l’art en Europe entre le 16ème et 18ème siècle, cependant, les préceptes d’Horace ont depuis fait l’objet de vives critiques, notamment en ce qui concerne la nature supposément mimétique de la poésie et de la peinture.   

Partie 1 : les principes généraux de la poésie

Une représentation sans vraisemblance, sans souci de réalité, « semblable à des rêves de malades, est risible. Une œuvre d’art doit être comme un être vivant, elle doit avoir une unité.
Horace conseil d’écrire avec « simplicité et unité », pour ne pas desservir la clarté du récit.
Ainsi, il fait la critique des poètes qui cherchant la concision et l’élégance, tombent dans « l’enflure » et perdent « la force du souffle ».

« Vous qui écrivez, prenez une matière proportionnée à vos forces ; soupesez longuement ce que vos épaules peuvent ou ne peuvent pas porter. Si vous choisissez un sujet qui vous convienne, vous ne manquerez ni d'abondance, ni de cette clarté qui vient de l'ordre. »

Horace préconise l’attachement à une idée pour ne pas se disperser, ainsi que l’instauration d’un ordre logique et cohérent dans l’articulation du récit.

Adaptation du langage au concept abordé ou à l’évolution de la langue selon l’époque.
« Les forêts changent de feuilles à mesure que l'année décline, et les premières tombent : ainsi meurent les vieilles générations de mots, et les nouvelles, comme des jeunes gens, s'épanouissent et prennent force. »

Respect du ton particulier selon le genre abordé :
« Un sujet comique répugne à être traité en vers de tragédie »
Cependant, le ton peut varier selon le sentiment du personnage, le personnage comique peut ainsi élever la voix s’il est en colère, et le personnage tragique peut parfois employer un langage familier. Le but de ces variations étant de susciter l’empathie du spectateur.

Il faut savoir éveiller la sympathie du spectateur par un jeu approprié (texte et jeu doivent correspondre). Le spectateur aura tendance à ressentir l’émotion si celle-ci est bien jouée : « L'homme rit en voyant rire, pleure en voyant pleurer. Si tu veux me tirer des larmes, tu dois d'abord en verser toi-même; alors seulement je serai touché de tes misères. »

Le style doit être adapté aux caractères et aux émotions des personnages.
« Il y a une grande différence de langage entre un dieu et un héros; un vieillard rassis et un jeune homme tout bouillant d'ardeur. »

Un personnage connu et décrit par la tradition doit être présenté tel quel, alors que le personnage créé par le poète doit conserver ses caractéristique du début à la fin pour rester cohérent.

Enfin, il faut introduire son récit sans trop d’emphase, au risque de faire paraître la suite dérisoire. Il s’agit donc de veiller au bon équilibre entre les différentes parties du récit.

Partie 2 : les règles de la poésie dramatique

Horace décrit les différents caractères entre les âges, l’enfance énergique, l’adolescence rebelle ; l’âge d’homme moral et recherchant les honneurs, et enfin la vieillesse, nostalgique, râleuse et avare. Il préconise donc de ne pas mélanger les genres, par exemple en attribuant à un enfant le caractère d’un vieillard. 

Toutes les actions, et notamment celles particulièrement immorales, ne doivent pas être représentées sur la scène, mais plutôt être racontées oralement (Médée tuant ses enfants).
-       La pièce doit avoir 5 actes
-       Pas d’intervention divine, à moins que le dénouement ne l’exige
-       3 personnages au plus sur la scène
-       Le chœur est un personnage à part entière, il ne doit pas digresser du sujet, et doit célébrer la justice, la loi et la paix.

Partie 3 : les règles personnelles qu’un poète doit s’imposer

Le poète doit être instruit et connaître la philosophie: « La raison, voilà le principe et la source de l'art d'écrire : tu trouveras les idées dans la philosophie de Socrate. »
Mais il doit également avoir une bonne expérience de la vie et l’avoir observée avec attention pour espérer la retranscrire avec justesse : « tu observeras la vie et les hommes comme en un miroir, tu reproduiras ce que tu auras vu; ce sera le langage même de la vie »

« La poésie veut instruire ou plaire »
Pour cela il faut être concis, et soucieux de se rapprocher de la vérité, tout en enveloppant le fond d’une belle forme.

Horace estime que le poème est comparable à la peinture, et il évoque quelques situations relatives au rapport entre l’œuvre et le spectateur, mais aussi quelques modes de présentations de l’œuvre.
« Un poème est comme un tableau : tel plaira à être vu de près, tel autre à être regardé de loin; l'un demande le demi-jour, l'autre la pleine lumière, sans avoir à redouter la pénétration du critique; l'un plaît une fois, l'autre, cent fois exposé, plaira toujours. »
-       Un poète ne peut pas être médiocre, il doit être bon ou ne pas écrire.
-       Si notre œuvre nous paraît incertaine, il faut la soumettre à quelques regards érudits, ou attendre avant de la publier.
-       Il ne faut toutefois pas rougir de son talent s’il est grand.
-       Cependant, le talent n’est pas suffisant, il faut, pour devenir un grand artiste, un long apprentissage.
-       Il faut pouvoir s’assurer de la sincérité de la critique. Et le sage doit savoir critiquer sans insistance, car c’est finalement l’avis du public qui se charge de juger en bien ou en mal les prouesses du poète.

Horace termine en dressant un portrait satirique du poète qui cherche à déclamer ses vers à tout le monde, aux savants comme aux ignorants, et qui ne parvient finalement – aveuglé par son supposé talent – qu’à faire fuir le public et s’attirer les moqueries. 

***

Retrouvez le texte complet et traduit par François Richard ici (éditions Garnier, Paris, 1944).

lundi 12 novembre 2012

LE CHEF D'OEUVRE INCONNU



BALZAC
LE CHEF D'OEUVRE INCONNU
LE LIVRE DE POCHE, 1995


Le Chef-d’œuvre inconnu est une nouvelle d’Honoré de Balzac publiée dans le journal l'Artiste sous le titre de Maître Frenhofer, en août 1831, puis toujours dans le même journal sous le titre Catherine Lescault, conte fantastique, la même année. Paru une nouvelle fois dans les Études philosophiques, en 1837, il est intégré à La Comédie humaine en 1846. Il s'agit d'une réflexion sur l'art. L'action se passe à Paris, elle nous mène à l'atelier de Franz Porbus puis nous accompagnons les personnages chez l'un d'entre eux : Maître Frenhofer. Plus tard, nous suivons le jeune Nicolas Poussin dans la sous pente qu'il partage avec sa jeune femme.
Ce texte apparaît comme un imitation voir un pastiche d'HOFFMANN. ( Je n'ai pas poussé les recherches sur ce point)
Il se veut entre réalité et fiction faisant appel à des personnage ayant une existence réelle et d'autres totalement fictifs.

  • J'ai choisi de diviser le récit en 4 grandes parties suivant les lieux du récit. Je résume de manière simplifiée.

Première partie du récit : La figure mystérieuse de l'artiste et la notion de beau.

LIEU : Dans une auberge, l'atelier de Franz Porbus.

Nous suivons Nicolas Poussin encore jeune. Livré à son goût et sa ferveur pour l'art et la peinture, le jeune novice cherche à faire ses preuves auprès d'un grand Maître. Son choix est désigné en la personne de Franz Porbus. Devant la porte de son atelier, Poussin hésite à frapper. C'est alors qu'un vieillard fait son entrée et frappe à la porte. En ouvrant, Porbus fait entrer les deux hommes, pensant que poussin est un amis du vieillard.
Dans l'atelier, Poussin est émerveillé par toutes ses toiles. Il assiste à une scène qui le révolte entre les deux hommes. Le vieillard s'avère être une personne très suffisante qui considère le travail de Probus insuffisant, ne pouvant égaler la réalité. Il lui reproche le dessin, la couleur... Poussin ne peut s'empêcher d'intervenir pour défendre son « idole ».
Eclate alors une discussion entre les trois hommes. D'abord septique et ne pouvant accorder aucun crédit aux propos du vieillard Poussin ne peut convenir à considérer les oeuvre du Maitre Probus comme quelque chose d'inutile. Puis, le vieillard décide de corriger l'oeuvre qui se trouve devant eux. Poussin se rend alors compte du grand savoir que possède cet homme et cherche à connaître son nom.

Deuxième partie du récit : entre curiosité et la soif de savoir.

LIEU : chez le vieillard.

Nous retrouvons Poussin et Probus chez le vieillard piqué par la curiosité car Poussin ( plus que Probus ) aimerait connaître les secrets artistiques de cet homme (qu'il trouve alors encore plus captivant que le maître qu'il souhaitait égaler au début du récit). Cette partie se concentre autour d'un dialogue entre les hommes, ils cherche a questionner Maître Frenhofer pour apprendre à égaler le réel avec leur peinture. Maître Frenhofer s'avère être un peintre de renommé mondiale qui est le seul à exceller dans la représentation mimétique des êtres et des choses. Au fil de la discussion Maître Frenhofer ne dévoile rien mais parle d'un tableau qu'il fait depuis plus de 10 ans. Le tableau d'une femme qu'il retouche chaque jour pour arriver au plus proche de la vision. Les deux hommes sont très intrigués par cette toile qui semble être époustouflante. Mais le vieillard refuse de la montrer a qui que se soit car elle lui appartient. Il développe des argumentaires autour de la femme, de son tableau et la notion de possession, fidélité, pudeur... L'homme admet qu'il pourra laisser son tableau visible que si la beauté d'une autre femme venait le surpasser. Poussin voudrait trouver un moyen de contempler cette toile et soumet une idée à Probus.

Troisième partie du récit : aveuglé par la soif de savoir.

LIEU : chez Poussin et sa fiancée.

Poussin explique a son aimée ce qui vient de se passer. Il cherche a faire comprendre à la jeune femme que le seul moyen pour lui de devenir un grand artiste (son souhait le plus chèr) est de contempler cette toile. Et le seul moyen de pouvoir voir cette toile est de présenter une femme dont l'incroyable beauté se trouve sans imperfections. La jeune fille comprend que Poussin souhaite la soumettre au regard du vieille homme. Viennent alors les problèmes liés à la conscience. La jeune fille veut accepter pour son amour mais sait que si elle fait cette chose, elle ne pourra plus aimer Poussin. Cette considération est liée à l'idée de « sacrifice » et d'horrible « prostitution ». Apres cette acte, la jeune femme ne pourrait même plus se regarder elle même. Elle se sacrifie et se substitue à l'art.

Quatrième partie du récit : la révélation et la perte.

LIEU : Chez Maître Frenhofer

Apres quelques péripéties, « femme pour femme » le vieillard accepte de comparer la femme de son tableau (être le plus chère qu'il ait) avec la femme de Poussin (être le plus chère qu'il ait). L'homme et la jeune femme partent s'isoler dans l'atelier de celui-ci. La jeune femme se déshabille afin d'être scrutée. Puis, il fit entrer Poussin et Porbus l'air triomphant : « mon oeuvre est parfaite et maintenant je puis la montrer avec orgueil ». Les deux hommes entrent en trombe dans l'atelier et découvrent un grand nombre de toiles et s'arrêtent sur celle d'une femme grandeur nature et à moitié nue, saisis d'admiration. Maître Frenhofer les arrêtent en leur parlant cette toile comme un vulgaire barbouillie. A la recherche du portrait annoncé, ils ne parviennent pas a l'apercevoir quand le Maître les conduit devant un tableau qui les décontenança. Remplis de colère Poussin demande à Porbus s'il y apercevoit quelque chose. Les deux hommes aperçoivent un pied dans un coin, « sortir d'un chaos de couleurs, tons, nuances indécises, espèce de brouillard sans formes, mais un pied délicieux, un pied vivant ! ». Pour Poussin, il n'y avait rien sur sa toile car il n'y avait aucune représentation. Apres, ce constat, Poussin retourne vers sa femme redevenu subitement amoureux. Mais la jeune femme ne pouvait lui faire face et lui demanda de la tuer car elle ne pouvait plus l'aimer mais le haïr. Mis à la porte par Maître Frenhofer, Poussin apprit sa mort le lendemain après qu'il ai brulé toutes ses toiles.

L'OEUVRE D'ART À L'EPOQUE DE SA REPRODUCTIBILITÉ TECHNIQUE

-->WALTER BENJAMIN
L'OEUVRE D'ART À L'EPOQUE DE
SA REPRODUCTIBILITÉ TECHNIQUE
folio plus philosophie version 1939

Texte de légitimation théorique du médium photographique qui fait suite à son livre « la petite histoire de la photographie » de 1931. Première parution en 1936. Cette essai s'inscrit dans une perspective conceptuelle matérialiste, issue de la philosophie de KARL MAX qui vient irriguer l'ensemble de ses démonstrations en faisant régulièrement émerger certains concepts : « mode de production » ; « force de travail » ; « superstructure » ; « infrastructure ».
Le centre de cette essai se concentre sur la notion « AURA » qui renvoie à la question de « valeur » (ce qui détermine le statut de l'oeuvre d'art dans le mode de production capitaliste) dont sont issus les expressions : « valeur culturelle » et « valeur d'exposition ». Ainsi, l'oeuvre est susceptible de fournir des connaissances sur un état donné de la culture. Ce texte nous conduit vers la prise de connaissance des « transformations sociales révélées par ces changements de la perception ».

CHAPITRE 1 :

Le principe de l'oeuvre d'art est d'avoir toujours été reproductible. L'homme peut toujours REFAIRE. La REPLIQUE fut pratiqué pour la DIFFUSION des oeuvres.
Développement dans l'Histoire de la reproduction technique des oeuvres d'arts :
  • GREC : 2 techniques la FONTE et l' EMPREINTE.
  • GRAVURE sur bois = reproduction des dessins.
  • L'IMPRIMERIE = reproduction technique de l'écriture.
  • MOYEN AGE : GRAVURE sur cuire au burin ou a l'eau forte.
  • Début 19e Siecle : LITHOGRAPHIE qui permet de mettre les produits de l'arts graphique que la MARCHÉ et en MASSE.
  • La PHOTOGRAPHIE = la main est déchargée des tâches artistiques les plus importantes. L'oeil saisi plus vite que la main dessine.

Vers 1900, la reproduction technique atteint un grand niveau et s'applique à toutes les oeuvres d'arts du passé AFIN d'en modifier de façon très profonde les modes d'action ET de conquérir elle même une place parmi les procédés artistiques. 2 Manifestations :

  • LA REPRODUCTION DE L'OEUVRE D'ART.
  • L'ART CINÉMATOGRAPHIQUE.

CHAPITRE 2 :

LE « HIC » = L'UNICITÉ
LE « NUNC » = constitue son AUTHENTICITÉ. ( le « nunc » de l'oeuvre d'art est en rapport evec le lieu où elle se trouve.) Tout ce qui relève de l'authenticité échappe à la reproduction (refait par la main de l'homme).
Il existe une différence entre la reproduction manuelle et la reproduction technique. 2 RAISONS :
  • Une reproduction manuelle est considéré comme faux, l'original garde toute son autorité. La reproduction technique est plus indépendante de l'original. Ex : la photographie et ce qui échappe à l'oeil.
  • La reproduction technique permet de transporter l'oeuvre dans des situations où l'original lui même ne saurait jamais se trouver. Ex : la musique et le disque : rapprochement entre l'oeuvre du récepteur.
La reproduction technique déprécient le « hic » et le « nunc » de l'oeuvre d'art dans son AUTHENTICITÉ. L'authenticité = ce que l'oeuvre contient de transmissible de son origine, sa durée matérielle à son pouvoir de témoignage historique. Ces caractères se résument dans la notion d'AURA. « CE QUI DÉPÉRIT DANS L'OEUVRE D'ART, C'EST SON AURA » en ce détachant de la notion de TRADITION. La reproduction technique substitue à son occurrence UNIQUE son existence en SERIE.
La reproduction rend l'oeuvre reproduite CONTEMPORAINE du spectateur = ACTUALISE, en corrélation avec le phénomène de MASSE.
L'agent le plus puissant de la reproduction c'est le CINÉMA car il porte en lui un ASPECT DESTRUCTEUR en liquidant les valeurs traditionnelles de l'héritage culturel.

CHAPITRE 3 :

La perception dépend à la fois de la nature humaine et de l'histoire.
RIEGL et WICKHOFF mettent en lumière les caractéristiques formelles propres à la perception du BAS EMPIRE. La protée de leurs découvertes fut réduite car elles ne montraient pas les transformations sociales révélées par ces changements de la perception. Qui peut s'entendre comme un déclin de l'AURA. Quelles en sont les causes sociales ?

UNE IMPORTANCE CROISSANTE DES MASSES
UN DÉSIR
UNE TENDENCE
Rendre les choses plus proche de soi.
À déposséder tout phénomène de son unicité.
= besoin de posséder l'objet d'aussi prés que possible. Dans son REFLET et sa REPRODUCTION

La REPRODUCTION (fugacité et possibilité de répétition) se distingue de L'IMAGE (unicité et durée).
Alignement de la réalité sur les masses = processus de portée pour la pensée et la réceptivité.

CHAPITRE 4 :

L'UNICITÉ et l'intégration à la TRADITION sont la même chose. Mais la TRADITION est une RÉALITÉ changeante et vivante. (ex : Grec et Clerc du moyen-age par rapport à la statue antique) Elle est également un statu unique : AURA.
Le mode d’existence des oeuvres d'arts les plus anciennes sont au service d'un RITUEL RELIGIEUX. Elle ne se dissocie jamais absolument de sa fonction de rituelle.
L'AUTHENTICITÉ se fonde sur ce rituel qui fut sa valeur d'USAGE ORIGINELLE ET PREMIER. L'art réagit à la reproduction technique à la doctrine « l'art pour l'art ». = théorie NÉGATIVIE celle de l'idée d'un art pur (refus de toutes fonctions sociales et toutes évocations d'un sujet concret. Ex : Mallarmé en littérature.)
Importance de ses CONTEXTES.
L'oeuvre s'émancipe de son existence au rituel.
De plus en plus, l'oeuvre d'art reproduite devient reproductible et est conçu pour être reproductible.
Le concept d'AUTHENTICITÉ n'est plus applicable à la REPRODUCTION artistique CAR la fonction de l'art s'en trouve BOULVERSÉE, elle ne repose plus sur le rituel MAIS ce fonde sur LA POLITIQUE.

CHAPITRE 5 :

La réception de l'oeuvre d'art s’effectue selon 2 pôles :
  • la VALEUR CULTURELLE de l'oeuvre.
  • sa VALEUR D'EXPOSITION.
Ex : les images qui servent au culte sont plus importante d'un point de vu religieux que le fait qu'elles soient vraiment vues.
Aujourd'hui la valeur culturelle exige presque que l'oeuvre d'art soit gardée au secret. La FONCTION ARTISTIQUE apparaît comme ACCESOIRE.

CHAPITRE 6 :

En photographie la valeur d'exposition commence à repousser la valeur culturelle. Elle prend une signification POLITIQUE. Le regard est déterminé, elle inquiète celui qui regarde pour le SAISIR. Au regard des photographies de magazines les illustrer d'une légende est devenue indispensable.

CHAPITRE 7 :

BOULVERSEMENT HISTORIQUE :
Au 19e siècle : querelle entre peinture / photographie sur leurs valeurs artistiques respectives.
L'art affranchit des bases culturelles par la reproductibilité technique PERT tout semblant d'AUTONOMIE. Ce qui a entrainé un changement FONCTIONNEL pour l'art.
Les problèmes posés par la photographie sur l'esthétique traditionnelle n'étaient que « jeux d'enfants au regard de ceux qu'allaient soulever le film ».

CHAPITRE 8 :

La performance de l'acteur se trouve soumise à une série de TESTS OPTIQUES. Conséquence qu'entraine la médiation du jeu de l'acteur par des appareils. Agit comme un filtre entre le public et l'acteur = aucune empathie.

CHAPITRE 9 :

L'ACTEUR AU CINÉMA :
Il joue pour la machine, il agit de toute sa personne vivante mais renonce à son AURA. Son jeu est dissocié en une série d'épisodes. L'art quitte le domaine de la BELLE APPARENCE.

CHAPITRE 10 :

Le SENTIMENT D'ÉTRANGETÉ de l'homme devant l'appareil est le même que devant le miroir.
Le cinéma construit artificiellement hors studio la personnalité de l'acteur. Il permet une CRITIQUE REVOLUTIONNAIRE des CONCEPTIONS TRADITIONNELLES de l'art. Chacun peut revendiquer d'être filmé pour le comprendre il faut considérer la situation historique dans laquelle se trouve la littérature aujourd'hui.
De nombreux lecteurs passent du côté de l'écrivain = la fenêtre entre l'auteur / public devient moins fondamentale.

CHAPITRE 11 :

la nature ILLUSIONNISTE du cinéma est une nature du SECOND DEGRÉ CAR elle est le fruit du MONTAGE. Le cinéma s'oppose au théâtre MAIS quel est le rapport entre l'opérateur / la peinture ? Questionnement envisagé sous 2 pôles opposés de l'univers : l'un représenté par la chirurgien, l'autre par le mage.
Le peintre (mage) OBSERVE en PEINGANT, il s’instaure une distance naturelle entre la RÉALITÉ donnéE et LUI MÊME. A la différence, le caméraman (chirurgien) PENETRE en profondeur dans la trame même du donné.
L'image du peintre est GLOBALE, celle du caméraman est MORCELÉE en un grand nombre de parties qui se recomposent selon une moi naturelle.

CHAPITRE 12 :

« La possibilité technique de reproduire l'oeuvre d'art modifie l'attitude de la masse à l'égard de l'art ».
« Au cinéma le public ne sépare par la critique de la jouissance ».
« Or, justement la peinture n'est pas en mesure de fournir matière à une réception collective simultanée ».

CHAPITRE 13 :

« Par rapport à la peinture, la performance représentée par le film est bien plus facilement analysable en raison d'une description incomparablement plus précise de la situation. Par rapport au théâtre, cette supériorité tient à ce que la performance représentée pat le film permet d'isoler les éléments à un degré bien plus élevé. Ce fait tend a favoriser la mutuelle compénétration de l'art et de la science ».
« Grâce au cinéma (fonction révolutionnaire) on pourra connaître dorénavant l'identité entre l'exploitation artistique de la photographie et son exploitation scientifique, le plus souvent divergente jusqu'ici ».
« Il est bien clair, par conséquent, que la nature qui parle à la caméra n'est pas la même que celle qui parle aux yeux ».
« Pour la première fois, la caméra nous ouvre l'accès à l’inconscient visuel, comme la psychanalyse nous ouvre l'accès à l’inconscient pulsionnel ».

CHAPITRE 14 :

« Le dadaïsme cherchait à produire, par les moyens de la peinture (ou la littérature) les effets que le public demande maintenant au cinéma ».
« Devant un tableau d'Arp ou un poème de Stramm, on a pas, comme devant une toile de Derain ou un poème de Rilke, le loisir de se recueillir et de l'apprécier ».
Que se soit la TOILE de projection du film ou celle du tableau, elle « invite le spectateur a la contemplation », devant la TOILE DU TABLEAU, « il peut s'abandonner à ses associations d'idées. Rien de tel devant les prises de vue de film ».
« Par ce technique, le cinéma a délivré l'effet de CHOC PHYSIQUE de la GANGUE MORALE où le dadaïsme l'avait en quelque sorte enfermée ».

CHAPITRE 15 :

« La MASSE est une MATRICE d'où toute attitude habituelle à l'égard des oeuvres d'art renaît, aujourd'hui, transformée. La quantité est devenu QUALITÉ ».
DUHAMEL (critiques contre le cinéma)
« Les masses cherchent à se distraire, alors que l'art exige le recueillement ».
OPPOSITION entre DISTRACTION et RECEUILLEMENT.
« celui qui se recueille devant l'oeuvre d'art s'y abime, au contraire, les masses distraite la recueille en elle ».
L'ARCHITECTURE (histoire la plus longue de tous les arts) pour rendre compte de la relation qui lie les masses à l'oeuvre d'art. Quels effets exerce cet art sur la masse ?
Les édifices font l'objet d'une DOUBLE RECEPTION : par l' USAGE et par la PERCEPTION = d'une réception tactile ( fait par voie d’accoutumance) et une perception visuelle.
La perception, a trouvé dans le cinéma l'instrument qui se prête le mieux à cet exercice de la réception par la distraction.

EPILOGUE

2 aspects du processus historique :
  • la prolétarisation croissante de l'homme
  • le développement croissant des masses

Les masses engendrent une transformation du régime de la propriété.
Le fascisme veut permettre aux masses de s'exprimer en conservant le régime de propriété, ce qui conduit à une esthétisation de la vie politique. Cette esthétique culmine en un seul point : LA GUERRE. (manifeste de Marinetti : « la guerre est belle... »)


dimanche 11 novembre 2012

Le destin des images


Le destin des images

Jacques Rancière

Editions La fabrique, 2003

Le destin des images ne cherche pas à donner une destination précise aux images qui peuplent notre quotidien, qu’elles soient artistiques ou qu’elles appartiennent à des registres plus populaires. Jacques Rancière préfère aborder la question de l’image selon sa nature composée, hétérogène. Il aborde les problématiques de la narration, de « l’image parlante », ainsi que les questions du représentable et du pensable.

I. Le destin des images p.7
p.9 l’ouvrage cherche à réfléchir « à ce que sont les images de l’art et aux transformations contemporaines de leur statut. »

L’altérité des images p.11
p.14 « L’image n’est jamais une réalité simple. Les images de cinéma sont d’abord des opérations, des rapports entre le dicible et le visible, des manières de jouer avec l’avant et l’après, la cause et l’effet. Ces opérations engagent des fonctions-images différentes, des sens différents du mot image. Deux plans ou enchaînements de plans cinématographiques peuvent ainsi relever d’une imagéité différente. Et inversement un plan cinématographique peut relever du même type d’imagéité qu’une phrase romanesque ou un tableau. »

« Image désigne ainsi deux choses différentes. Il y a la relation simple qui produit la ressemblance d’un original : non point nécessairement sa copie fidèle, mais simplement ce qui suffit à en tenir lieu. Et il y a le jeu d’opérations qui produit ce que nous appelons de l’art : soit précisément une altération de ressemblance. »

p.15 L’art est donc fait d’images de différentes natures. « Les images de l’art sont des opérations qui produisent un écart, une dissemblance. Des mots décrivent ce que l’œil pourrait voir ou expriment ce qu’il ne verra jamais, ils éclairent ou obscurcissent à dessein une idée. »
L’image n’est donc pas forcément liée au visible, et le visible ne fait pas forcément image.
« Mais le régime le plus courant de l’image est celui qui met en scène un rapport du dicible au visible, un rapport qui joue en même temps sur leur analogie et sur leur dissemblance. »

Image, ressemblance, archi-ressemblance p.16
p.17 Art contemporain : recherche de la vraie image (Véronique)
La photographie change de statut, elle qui fût considérée comme un « simulacre mécanique et sans âme », est « désormais perçue, face aux artifices picturaux, comme l’émanation même d’un corps, comme une peu détachée de sa surface, remplaçant positivement les apparences de la ressemblance et déroutant les entreprises du discours qui veut lui faire exprimer une signification. »
p.17, 18 « L’empreinte de la chose, l’identité nue de son altérité à la place de son imitation, la matérialité sans phrase, insensée, du visible à la place des figures du discours, c’est cela que revendique la célébration contemporaine de l’image ou son évocation nostalgique : une transcendance immanente, une essence glorieuse de l’image garantie par le mode même de sa production matérielle. »

p18, 19 Barthes, La chambre claire : studium = renseignements que transmet la photographie, signification. Punctum : ça-à-été (puissance effective)
« L’un et l’autre conçoivent l’image comme une parole qui se tait. L’un faisait parler son silence, l’autre fera de ce silence l’annulation de tout bavardage. Mais tous deux jouent sur la même convertibilité entre deux puissances de l’image : l’image comme présence sensible brute et l’image comme discours chiffrant une histoire. »

D’un régime d’imagéité à un autre p.19
p.19, 20 La photographie est devenue un art parce qu’elle exploite une « double poétique de l’image, en faisant de ces images, simultanément ou séparément, deux choses : les témoignages lisibles d’une histoire écrite sur les visages ou les objets et de purs blocs de visibilité, imperméables à toute narrativisation, à toute traversée du sens. »

p. 21 Dans le nouveau régime esthétique des arts, « l’image n’est plus l’expression codifiée d’une pensée ou d’un sentiment. » Elle est une parole muette : c’est à dire « l’éloquence de cela même qui est muet, la capacité d’exhiber les signes écrits sur un corps, les marques directement gravées par son histoire, plus véridiques que tout discours proféré par des bouches. »
Mais cette parole muette c’est aussi la présence nue, sans signification.

La fin des images est derrière nous p.26
p.26, 27 La fin des images : projet historique, vision du devenir moderne de l’art entre 1880 et 1920 (symbolisme et constructivisme) = on cherche alors des moyens pour délivrer l’art des images.
« Ce projet a pris deux grandes formes, plus d’une fois mêlées l’une à l’autre : l’art pur, conçu comme art dont les performances ne feraient plus image mais réaliseraient directement l’idée en forme sensible auto-suffisante ; ou bien l’art qui se réalise en se supprimant, qui supprime l’écart de l’image pour identifier ses procédures aux formes d’une vie tout entière en acte et ne séparant plus l’art du travail ou de la politique. »

Image nue, image ostensive, image métamorphique p.31
p.31 Trois types d’images exposées dans les musées et les galeries aujourd’hui : image nue, « l’image qui ne fait pas art » (exp : photographie historique des camps de concentration). Image ostensive, qui « affirme sa puissance sans signification » au « nom de l’art », « elle pose cette présence comme le propre de l’art ».
Image métamorphique, qui mettrait en avant l’idée « qu’il n’y a pas de nature propre des images de l’art qui les sépare d’une manière stable de la négociation des ressemblances et l’instabilité des dissemblances, d’opérer une redisposition locale, un réagencement singulier des images circulantes. » p.33
p.34  « trois formes d’imagéité, trois manières de lier ou de délier le pouvoir de montrer et celui de signifier, l’attestation de présence et le témoignage d’histoire. Trois manières aussi de sceller ou de récuser le rapport entre art et image. Or il est remarquable qu’aucune des trois formes ainsi définies ne puisse fonctionner dans la clôture de sa propre logique. Chacune d’elles rencontre dans son fonctionnement un point d’indécidabilité qui l’oblige à emprunter quelque chose aux autres. » 

II. La phrase, l’image, l’histoire p.41

Sans commune mesure ? p.44
p.44 Godard, Fritz Lang : double nature des images dans leurs films
« D’un côté donc l’image vaut comme puissance déliante, forme pure et pur pathos défaisant l’ordre classique des agencements d’actions fictionnels, des histoires. De l’autre, elle vaut comme élément de liaison qui compose la figure d’une histoire commune. D’un côté elle est une singularité incommensurable, de l’autre elle est une opération de mise en communauté. »
Autrement dit, l’image peut soit être perçue pour elle-même, comme forme autonome et esthétique, au prix de la logique du récit ; soit participer de ce récit par un système de signes, de renvois, de rapports entre les différents nivaux de récits ou les différents éléments du récit, et même entre le récit (l’espace diégétique) et l’au delà du récit (l’espace extra diégétique).

p.49 « Le montage de Godard présuppose un acquis de ce que certains appellent modernité », l’auteur préfèrera dire « régime esthétique de l’art ».
« Cet acquis présupposé c’est la distance prise à l’égard d’une certaine forme de commune mesure, celle qu’exprimait le concept d’histoire. »  cf Aristote, rationalité du poème, « enchaînement par la causalité ou la vraisemblance »
Selon cette logique : fonction dirigeante = fonction textuelle d’intelligibilité, et fonction imageante mise au service de la précédente.
« Imager, c’était porter à leur plus haute expression sensible les pensées et sentiments à travers lesquels se manifestait l’enchaînement causal. C’était aussi susciter des affects spécifiques renforçant l’effet de la perception de cet enchaînement. »
Avec les théorie modernistes du régime esthétique des arts : il y a séparation entre les différents arts (image, texte, musique). = « rupture avec le régime représentatif en termes d’autonomie de l’art et de séparation entre les arts. »

p.50 L’auteur indique « trois versions » traduisant ce « noyau commun » :
La version rationaliste optimiste : « Ce qui succède aux histoires et aux images qui leur étaient subordonnées, ce sont les formes. C’est la puissance de chaque matérialité spécifique – verbale, plastique, sonore ou autre – révélée par des procédures spécifiques. »
La version dramatique : « la modernité artistique y met en scène le conflit de deux séparations, ou, si l’on veut, de deux incommensurabilités. » Séparation du travail et de la jouissance induite par la raison.
p.51 « Elles permettent ainsi que la tension solitaire de ces formes autonomes manifeste la séparation première qui les fonde, fasse apparaître l’ « image » du refoulé et rappelle l’exigence d’une vie non séparée. »
La version pathétique, « dont témoignent les derniers livres de Lyotard. L’absence de commune mesure s’y appelle catastrophe. » Séparation de l’art = cassure originelle du Sublime
« Si l’art moderne doit préserver la pureté de ses séparations, c’est pour inscrire la marque de cette catastrophe sublime dont l’inscription fait aussi témoignage contre la catastrophe totalitaire – celle des génocides, mais aussi celle de la vie esthétisée, c’est-à-dire, en fait, anesthésiée. »

p.52 Le cinéma de Godard « apparaît comme une série d’appropriation des autres arts. »
« Et, dans cet enchevêtrement, la notion même d’image, en dépit des déclarations iconodules de Godard, apparaît comme celle d’une opérativité métamorphique, traversant les frontières des arts et déniant la spécificité des matériaux. » (iconodulie : courant de pensé en faveur des images religieuses, ou icônes, et de leur vénération, s’oppose à l’iconoclasme.)

La « perte de la commune mesure entre les moyens des arts ne veut pas dire que désormais chacun reste chez soi », mais « que toute commune mesure est désormais une production singulière et que cette production est possible seulement au prix d’affronter, dans sa radicalité, le sans-mesure du mélange. »
« Quand se trouve délié le fil de l’histoire, c’est-à-dire la mesure commune qui réglait la distance entre l’art des uns et celui des autres, ce ne sont plus simplement les formes qui s’analogisent, ce sont les matérialité qui se mélangent directement. Le mélange des matérialités est idéel avant d’être réel. »

p.53 En 1820 Hegel montre que « la séparation des sphères de rationalité entraînait non pas l’autonomie glorieuse de l’art et des arts mais la perte de leur puissance de pensée commune ».
Les artistes répondront à cette démonstration « en cherchant le principe de leur art non pas dans quelques mesures qui serait propre à chacun mais là où, au contraire, tout « propre » s’effondre, où toutes les mesures communes dont se nourrissent les opinions et les histoires sont abolies au profit d’une grande juxtaposition chaotique, d’un grand mélange indifférent des significations et des matérialités. »

La phrase image et la grande parataxe p.54

La gouvernante, l’enfant juif et le professeur p.61

Montage dialectique, montage symbolique p.66
p. 66 « La manière dialectique investit la puissance chaotique dans la création de petites machineries de l’hétérogène. En fragmentant des continus et en éloignant des termes qui s’appellent, ou, à l’inverse en rapprochant les hétérogènes et en associant des incompatibles, elle crée des chocs. »
« Cette petite machinerie, ce peut être la rencontre de la machine à coudre et du parapluie sur une table de dissection ».
p.67 « La manière symboliste aussi met en rapport des hétérogènes et construit des petites machines par montage d’éléments sans rapport les uns avec les autres. Mais elle les assemble selon une logique inverse. Entre les éléments étrangers, elle s’emploie en effet à établir une familiarité, une analogie occasionnelle, témoignant d’une relation plus fondamentale de co-appartenance, d’un monde commun où les hétérogènes sont pris dans un même tissu essentiel, toujours susceptibles donc de s’assembler selon la fraternité d’une métaphore nouvelle. »
« La manière symboliste assemble des éléments dans la forme du mystère. »
Le mystère = catégorie esthétique élaborée par Mallarmé et reprise par Godard
p.68 « La machine de mystère est une machine à faire du commun, non plus à opposer des mondes, mais à mettre en scène, par les voies les plus imprévues, une co-appartenance. Et c’est ce commun qui donne la mesure des incommensurables. »

p.74 « Entre vidéos, photos et installations vidéo on voit l’interrogation, toujours invoquée, des stéréotypes perceptifs glisser vers un intérêt tout autre pour les frontières indécises du familier et de l’étrange, du réel et du symbolique. »
p.75 à propos de l’installation projection vidéo de Bill Viola, Going forth by day
« Bill Viola ne cherche pas à cacher une certaine nostalgie pour la grande peinture et les cycles de fresques d’antan et il d’aclare avoir voulu créer ici un équivalent des fresques de Giotto à la chapelle de l’Arena de Padoue. Mais ce cycle fait bien plutôt penser à ces grandes fresques des âges et des saisons de la vie humaine que l’on affectionnait à l’âge symbolique et expressionniste, à l’époque de Puvis de Chavannes, de Klimt, d’Edvard Munch ou d’Erich Heckel. Sans doute dira-t-on que la tentation symbolique est inhérente à l’art vidéo. Et, de fait, l’immatérialité de l’image électronique a tout naturellement ranimé l’engouement de l’âge symboliste pour les états immatériels de la matière, engouement alors suscité par les progrès de l’électricité et le succès des théories sur la dissipation de la matière en énergie. »

III La peinture dans le texte p.79
p.81 à 84
L’auteur constate la critique récurrente faite à l’encontre du « trop de mot » qui entoure les œuvres, « trop de mots sur la peinture, trop de mots qui commentent et dévorent sa pratique ».
Mais = « il n’y a pas d’art sans regard qui le voit comme art. »
Il est impossible « d’exhiber un concept » de l’art qui serait « une propriété commune à un ensemble de pratique ».
« Il est le concept d’une disjonction – et d’une disjonction instable, historiquement déterminée –  parmi les arts, entendus au sens de pratiques, de manières de faire. L’art, tel que nous le nommons, n’existe guère que depuis deux siècles. »
p.85 Cet art est « né d’un long processus de rupture avec le système des beaux-arts, c’est-à-dire avec un autre régime de disjonction au sein des arts. Cet autre régime s’est résumé dans le concept de mimesis. »
« La mimesis n’est pas la ressemblance entendue comme rapport d’une copie à un modèle. Elle est une manière de faire fonctionner les ressemblances au sein d’un ensemble de rapports entre des manières de faire, des modes de la parole, des formes de visibilité et des protocoles d’intelligibilité. »

p. 87 « Si la perspective a été linéaire et théâtrale avant d’être aérienne et sculpturale, c’est que la peinture devait d’abord montrer sa capacité poétique – sa capacité à raconter des histoires, à mettre en scène des corps parlants et agissants. Le lien de la peinture à la troisième dimension est un lien de la peinture à la puissance poétique des mots et des fables. »

p. 87, 88
Destruction du régime représentatif = « régime esthétique des arts qui est une autre articulation entre des pratiques, des formes de visibilité et des modes d’intelligibilité. »

p. 90 « Le texte critique, à l’âge esthétique, ne dit plus ce que le tableau doit ou aurait dû être. Il dit ce qu’il est ou ce que le peintre a fait. » Il s’agit de mettre en lumière ce « par quoi l’art est visible, par quoi sa pratique est accordée à un regard et relève d’une pensée. »
p. 91 « Une peinture nouvelle, c’est une peinture qui s’offre à un regard formé à voir autrement, formé à voir le pictural apparaître sur la surface représentative, sous la représentation. »

IV La surface du design p.103
p. 105 Le design
« C’est la manière dont, en assemblant des mots ou des formes, on ne définit pas simplement des formes de l’art mais certaines configurations du visible et du pensable, certaines formes d’habitation du monde sensible. »
 = configurations qui traversent les frontières entre les arts, les genres et les époques.
= redéfinition de la place des activités de l’art

V S’il y a de l’irreprésentable p.123

Ce que représentation veut dire p.129
Contrainte représentative = 3 choses :
1 « C’est d’abord une dépendance du visible par rapport à la parole. La parole y a pour essence de faire voir, d’ordonner le visible en déployant un quasi-visible. »
2 p. 130 « rapport entre savoir et ne pas savoir, entre agir et pâtir »
« La représentation, c’est un déploiement ordonné des significations, un rapport réglé entre ce que l’on comprend ou anticipe et ce qui advient par surprise ».
3 Enfin, la contrainte représentative « définit un certain réglage de la réalité. » p.132
« D’un côté les êtres de la représentation son des êtres fictifs […] mais ces êtres fictifs n’en sont pas moins des êtres de ressemblance, des être dont les sentiments et les actions doivent être partagés et appréciés. »

Ce qu’anti-représentation veut dire p.134
p. 139 Lyotard parle d’une « défaillance du réglage stable entre le sensible et l’intelligible. »
« Cette défaillance signifie la sortie de l’univers de représentation, c’est-à-dire d’un univers définissant des critères d’irreprésentabilité. S’il y a défaillance du réglage représentatif, cela veut dire, à l’encontre de Lyotard, que monstration et signification peuvent s’accorder à l’infini, que leur point de concordance est partout et nulle part. Elle est partout où l’on peut faire coïncider une identité entre sens et non-sens avec une identité entre présence et absence. » 

La représentation de l’inhumain p.139
p. 146
« L’événement n’impose ni n’interdit par lui-même aucun moyen d’art. Et il n’impose à l’art aucun devoir de représenter ou de ne pas représenter de telle ou telle manière. »

L’hyperbole spéculative de l’irreprésentable p.146
p. 152, 153
« Il y a de l’irreprésentable en fonction des conditions auxquelles un sujet de représentation doit se soumettre pour entrer dans un régime déterminé de l’art, dans un régime spécifique de rapports entre monstration et signification. »
« L’art anti-représentatif est constitutivement un art sans irreprésentable. Il n’y a plus de limites intrinsèques à la représentation, plus de limites à ses possibilités. Cette illimitation veut dire aussi : il n’y a plus de langage ou de forme propre à un sujet, quel qu’il soit. »
« Pour alléguer un imprésentable de l’art qui soit à la mesure d’un impensable de l’événement, il faut avoir rendu cet impensable lui-même entièrement pensable, entièrement nécessaire selon la pensée. La logique de l’irreprésentable ne se soutien que d’une hyperbole qui finalement la détruit. »