Réflexions sur l’esthétique contemporaine,
Cusset
P.10 « je sais que je ne peux pas
expliquer la beauté de l’œuvre à partir de ma seule émotion, mais cette émotion
est telle qu’elle m’oblige en quelque sorte à la réflexion, elle me conduit à
inventer les termes dans lesquels je puis la faire comprendre à autrui… »
Où
peut exister la critique esthétique dans le monde de l’art aujourd’hui ?
Etre un art dit « classique » qui ne pose plus question et l’art
contemporain qui se destine à une certaine élite ?
« Cadres
interprétatifs de ladite crise contemporaine. » :
« Le premier cadre interprétatif, je
l’appellerai le moment baudelairien, c’est-à-dire le moment éminemment moderne
où se trouve consignée de manière radicale l’autonomie de l’art. »
« Dans un deuxième temps, je ferai
référence à W. Benjamin qui, en évoquant une crise qui a lieu dans les années
30, parle lui de « perte d’aura ». »
« Enfin, pour dernier cadre
interprétatif, je choisirai Adorno des années 60, dont la pensée s’est
nettement distinguée de celle de Walter Benjamin, il ne reste à l’art, dans un
monde faux à la subjectivité appauvrie, qu’à pointer vainement en direction
d’une impossible vérité. »
Question
sur l’autonomie de l’art ou l’autarcie de l’art. L’autarcie, critiquée pour élitisme,
serait une défense de l’art contemporain face à la menace de l’ostracisme du marché de l’art. Problème du
« marché culturel ». « L’expérience esthétique est par
définition un phénomène d’ « avant garde ». » (p.23) è le
moment baudelairien.
Kant :
beauté libre (nature)/beauté adhérente (Beaux Arts)
« La
violence faite par les mouvements d’avant garde aux matériaux de la création
(…) relève (…) d’un choix esthétique, celui de libérer le regard, de puiser à
des ressources inédites du sensible, de faire de l’expérience esthétique une
expérience autosuffisante, et qui n’a pas besoin pour cela d’autre référence
que l’instant où elle se vit. » (p.25)
W.
Benjamin « A l’époque où l’œuvre peut être reproduite, on peut la
consommer avant de l’avoir rencontrée. » (p.40)
« La
rencontre est rendue comme obligatoire, sans elle, l’œuvre ne vaut
littéralement rien. » (p.45)
« aux
œuvres représentatives se substituent des œuvres interrogatives qu’aucun sens
commun ne peut fixer, et qui ne cessent de questionner notre expérience
esthétique elle même, sur un mode qu’on peut dire ironique : « Qu’en
est-il de l’expérience que vous vivez en ce moment ? Moi, je n’ai rien à
représenter, je suis une œuvre qui vous interroge simplement sur la nature de votre
expérience. » » (cf. J.F Lyotard) (p.47)
« C’est
alors, pour Hegel, à la philosophie qu’il revient de dépasser l’art dans le
concept. » (p.54)
« Adorno
prend lui explicitement l’écriture de Beckett pour modèle de cette esthétique
qui n’a plus d’autonomie que négative, une écriture désespérée face au
morcellement d’une expérience mutilée et ne disposant pas d’autres ressources
que celles propres à ce type d’imitation particulière qu’Adorno appelle la
« mimésis » : il n’y a plus rien à inventer, la « mimésis »
ne consiste qu’à reprendre les miettes d’une expérience éclatée et à donner à
voir l’envers de ce que l’industrie des biens culturels nous présente comme le
meilleur des mondes. » (p.53)
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