L’art comme expérience
John Dewey
I- L’être
vivant et II- L’être vivant et
les choses « éthérées »
Rapport
à Socrate et la connaissance de l’objet apprécié. L’homme est régi par son
rapport à l’environnement, son évolution en dépend.
«
« les raisonnements » ont une origine semblable à celle des
mouvements d’une créature sauvage cherchant à atteindre son but, et qu’ils
peuvent devenir spontanés, « instinctifs », et que lorsqu’ils
deviennent instinctifs, ils sont sensuels et immédiat et, en un mot,
poétiques. »
« Aucun
« raisonnement » en tant que raisonnement, c’est-à-dire en tant
qu’excluant l’imagination et les sens, ne peut atteindre la vérité. »
(p.77)
« Sous
le rythme présent dans tout art et dans toute œuvre de l’art se tient (…) le
fondement structurant les relations entre l’être vivant et son
environnement. » L’expérience est à la fois un événement accompli et un
processus.
III- Vivre une expérience
Dewey
tente de comprendre d’une part ce qu’est une expérience, faire l’expérience de
quelque chose, et d’autre part, comment se manifeste, se déroule cette
expérience.
« Le
matériau des Beaux Arts est une somme de qualités concrètes ; celui de
l’expérience qui a une conclusion intellectuelle se compose de signes ou de
symboles qui, sans avoir de qualité intrinsèque propre, représentent des choses
qui, lors d’une autre expérience, peuvent être appréciées sur un plan
qualitatif. » (p.85)
« toute
activité pratique, dans la mesure où elle est intégrée et progresse par son
seul désir d’accomplissement, possède une dimension esthétique. » (p.87)
IV- L’acte d’expression
L’art
est une manipulation d’autrui à travers la maîtrise des mouvements impulsifs.
« Au
lieu d’une description d’une émotion en termes intellectuels et symboliques, l’artiste
« est l’auteur de l’action qui engendre l’émotion. » (p.130)
« L’émotion
esthétique est une émotion primaire transformée par le biais du matériau
objectif auquel elle a confié son développement et son accomplissement. »
(p.148)
V- L’objet expressif
« A
quoi bon dire d’une œuvre d’art qu’elle est représentative, puisque si elle est
expressive il faut bien qu’elle le soit en un certain sens ? »
(p.153)
Dewey
questionne le phénomène de l’expression artistique qui a pour résultat un
objet : l’objet expressif qui possède un pouvoir esthétique. Qu’est ce que
veut montrer l’artiste ? Il
l’exprime à travers l’usage des formes et des couleurs.
« Lorsque
nous ne parvenons pas à reconnaître dans une image la représentation d’un objet
particulier, il se peut qu’elle représente les qualités que partagent tous les
objets particuliers comme la couleur, l’étendue, la solidité, le mouvement, le
rythme,… Ainsi, ce qui sert pour ainsi dire de paradigme de l’essence visible
de toutes choses peut contenir en solution les émotions que les choses
individualisées provoquent de manière plus spécifique. » Dr Barnes cité
par J. Dewey (p.170)
VI- La substance et la forme
« Les
objets d’art sont expressifs et c’est en cela qu’ils sont un langage. Mieux ils
sont des langages. » « L’œuvre d’art n’est complète que si elle agit
dans l’expérience de quelqu’un d’autre que celui qui l’a créée. » (p.188)
« Il
est absurde de demander ce qu’un artiste voulait « réellement » dire
en faisant ce qu’il a fait, il y trouverait lui même différents sens à
différents jours et à différents moments et à différentes étapes de son propre
développement. S’il pouvait s’en expliquer, il dirait : « c’est
seulement cela que je voulais dire, et cela veut dire tout ce que vous ou
n’importe qui peut honnêtement, c’est-à-dire en vertu de votre propre
expérience vitale en sortir. » (p.192) Rapport entre forme et substance.
VII- Histoire naturelle de la forme
« Comment
chaque partie est-elle partie dynamique, autrement dit comment joue t-elle un
rôle actif de manière à constituer ce genre de totalité ? »
Idée
en quoi l’art est une expression de la pensée inférieure à la philosophie.
« La
beauté dans la nature et dans l’art est, selon une formule ancienne, unité dans
la diversité. » (p.271)
VIII- L’organisation des énergies
« On
a plusieurs fois suggéré qu’il existe une différence entre un produit de l’art
(une statue, un tableau ou autre chose semblable) et une œuvre d’art. Le
premier est physique et virtuel ;
la seconde est active et inscrite dans une expérience. » (p.273)
Question
de rythme comme un équilibre à suivre. è
« En un mot, la récurrence esthétique est vitale, physiologique,
fonctionnelle. Plus que les éléments, ce sont les relations qui font retour,
dans différents contextes et avec des conséquences différentes, de sorte que
chaque récurrence fonctionne à la fois comme un inédit et comme un
rappel. » (p.284)
L’art
serait une organisation d’énergie.
« L’écrivain
anglais Galsworthy définit quelque part l’art comme « l’expression
imaginative d’une énergie qui, au travers de la concrétion technique du
sentiment et de la perfection, tend à réconcilier l’individu avec l’universel
en activant chez lui une émotion impersonnelle. »
IX- La substance commune des arts
Quel
est l’art commun à tous les arts ?
« Schiller
dit : « Chez moi, la perception est d’abord dépourvue de tout
objet clair et défini. Les choses ne prennent forme que dans un second temps.
S’impose d’abord à l’esprit une atmosphère musicale particulière. C’est après
que vient l’idée poétique. » (p.318)
Nous
voyons un tout puis des parties, puis inversement. (p.322)
« La
sensibilité à un médium comme médium est au cœur même de toute création
artistique et de toute appréciation esthétique. »
« Par
tempérament, peut être par inclination et aspiration, nous sommes tous artistes
jusqu’à un certain point. Ce qui nous manque, c’est ce qui fait l’artiste dans
l’exécution. Car l’artiste a le pouvoir de se saisir d’un genre particulier de
matériau et de le convertir en un authentique médium d’expression. »
(p.331)
X- La substance variée des arts
« Il y a œuvre
quand un être humain participe au produit, de sorte que le résultat soit une
expérience appréciée pour ses propriétés ordonnées et voulues comme
telles. » (p.353)
« Un poète a
dit récemment que la poésie lui semblait « plus physique qu’intellectuelle »,
ajoutant qu’il reconnaissait la poésie à certains symptômes physique comme la
chair de poule, les frissons dans le dos, la gorge qui se noue et une sensation
au creux de l’estomac comme « le pieu qui me transperce » de Keats
(…) Mais justement, de telles sensations et celles que d’autres écrivains ont
appelées « vibrations » organiques sont une grossière indication
d’une complète participation organique, tandis que c’est la plénitude et
l’immédiateté de cette participation qui
constituent la qualité esthétique d’une expérience en tant que c’est elle qui
transcende la qualité
« intellectuelle ». C’est pourquoi
je voudrais mettre en doute cette vérité littérale affirmant que la
poésie est plus physique qu’intellectuelle. » (p.356)
Voit-on une œuvre
« d’un seul coup » ou sommes nous attirés par certaines parties plus
que d’autres dans une premier temps. Si nous sommes alors attirés de façon
hiérarchique par l’image, certains points étant privilégiés par rapport à
d’autres. Dans ce cas la question de ce système hiérarchique se pose. Dans quel
ordre doit-on regarder les différentes parties de l’œuvre ? Pourquoi
certains individus hiérarchisent ainsi alors que d’autres font différemment.
Qu’est-ce qui dans le corps ou la raison influe sur cette hiérarchie ?
Quelles sont les propriétés d’une œuvre qui permettent cette hiérarchie
visuelle ? (p.360)
A la fin de
l’observation d’une œuvre d’art, ayant suivi une certaine hiérarchie, l’œil
(organe) a reconstitué à l’esprit l’œuvre. Il a recomposé l’image au fur et à
mesure des stades successifs d’observation. (p.362)
Au sujet d’une
structure architecturale. « Il est nécessaire de se déplacer, autour, à
l’intérieur et à l’extérieur, et grâce à des visites répétées laisser la
structure d’imposer progressivement d’elle même sous différentes lumières en
rapport à différentes ambiances. » (P.363)
« Une
expérience instantanée est une impossibilité tant sur le plan biologique que
psychologique. Une expérience est un produit, on pourrait même dire un produit
dérivé, d’interactions continues et annulées entre un individu organique et le
monde. » (p.363)
XI- La contribution humaine
« Le
trait distinctif unique de l’expérience esthétique, c’est précisément le fait
que pareille distinction entre le soi et l’objet n’y est pas reçu, vu que
l’expérience est esthétique dans la mesure où l’organisme et l’environnement
coopèrent pour instaurer cette expérience au sein de laquelle les deux sont si
intimement intégrés que chacun disparaît. » (p.407)
(photocopie
p.438-439)
XII- Un défi pour la pensée philosophique
« L’expérience esthétique est une
délivrance et un affranchissement de la pression exercée par la
« réalité ». On suppose ainsi qu’il n’y a liberté que quand
l’activité personnelle est libre de tout contrôle par des facteurs
objectifs. » (p.452)
« Une des
formes de la théorie ludique de l’art attribue le jeu à la présence dans
l’organisme d’un surplus d’énergie en demande d’exutoire. » (p.452)
« Je ne puis
dans des remarques de ce genre la moindre intention de soutenir que
l’expérience esthétique doit être définie comme un mode de connaissance. Ce que
je crois comprendre, c’est que, tant dans la production que dans la jouissance
perceptive des œuvres d’art, la connaissance est transformée ; elle devient
quelque chose de plus qu’une connaissance dans la mesure où elle fusionne avec
des éléments non intellectuels pour former une expérience qui vaut d’être
vécue. » (p.467)
Croce : «
Ce que nous admirons dans une œuvre d’art, c’est la forme imaginative parfaite
dont un état mental s’est lui même revêtu. » (p.475)
XIII- Critique et perception
« La
critique a pour fonction de rééduquer notre perception des œuvres d’art ;
elle est une auxiliaire dans le processus, à vrai dire difficile,
d’apprentissage du voir et de l’entendre. » (p.520)
Les
critiques sont ceux qui jugent officiellement de la qualité esthétique
« d’une œuvre d’art ». Ainsi, ont ils un rôle éducatif pour l’art et
même social. Mais quelles sont les facultés « supérieures » de
jugement d’un critique pour que son mot ai de la valeur ? Aussi, les
critiques ne se sont-ils pas « trompés » sur la valeur de certaines œuvres
à l’époque alors oubliées aujourd’hui ? et inversement. (cf. Manet,
Courbet)
Le
public, le goût esthétique, l’expérience esthétique, est alors influencée par
la critique si le spectateur s’y réfère.
Aussi,
parfois, le commentaire du critique sur une œuvre nous aide à voir quelque
chose que notre esprit n’avait pu percevoir. Une nouvelle fois ce sont les
différents discours de chacun des spectateur, quels qu’ils soient, qui forgent
la signification et le discours esthétique d’une œuvre.
XIV- Art et civilisation
« L’art
est une qualité qui s’infiltre dans une expérience ; il n’est pas, sauf
métaphoriquement, l’expérience elle-même. » (p.522)
(photocopier
p.522)
Les
œuvres d’art sont les témoins des esprits du passé.
« Toute
culture possède sa propre individualité collective. Comme l’individualité de la
personne qui créé une œuvre d’art, cette individualité collective laisse son
empreinte indélébile sur l’art qui est produit. » (p.529)
«
Un problème a été relevé sur ce point, toutefois, par une nouvelle école de
pensée. On y prétend que puisque nous le pouvons effectivement reproduire
l’expérience d’un peuple d’une époque reculée et d’une culture étrangère, nous
ne pouvons avoir une appréciation authentique de l’art qu’il produisait. »
(p.529)
« Mais
l’expérience est une question d’interaction de l’œuvre artistique avec la
personne. Elle n’est donc pas deux fois la même pour des personnes différentes,
même aujourd’hui. Elle change chez la même personne à différents moments
lorsque cette personne apporte quelque chose de différent à une œuvre. »
(p.530)
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