Design
& Crime
Hal
FOSTER
Les
prairies ordinaires, 2008
(1ère
édition, Verso, Londres, 2002)
Sélection
des 2 chapitres (parmi 8) les plus en lien avec notre sujet
Préface
Fusion
marketing / culture _ Progrès du spectacle _ Idéologie de
l'information
« Avec
l'avènement de l'économie post-fordiste, ses produits et ses
marchés de niche, nous vivons aujourd'hui dans un circuit sans fin
de production et de consommation. Dans ce nouvel ordre des choses,
l'étalage ou l'exposition (display) joue un rôle essentiel, ainsi
que le design et l'architecture. »
Sujet
construit du postmodernisme / sujet designé du
consumérisme
Champ
étendu de l'art de l'après-guerre / Espace administré du design
contemporain
« Je
pense qu'il nous faut renouer avec ce sens politique de l'autonomie
et de la transgression artistique, avec ce sens de la dialectique de
la disciplinarité critique et de sa contestation – et tenter
d'offrir à la culture un nouvel espace de jeu. »
– Archives
de l'art moderne –
Terme
d'archives au sens de Foucault, quand il l'emploie « pour
désigner “le système qui régit l'apparition des énoncés comme
événements singuliers“, qui structure les expressions
particulières d'une période donnée. Dans ce sens précis, une
archive n'est ni affirmative ni critiques en soi ; elle fournit
simplement les termes du discours. Mais ce “simplement“ n'est pas
une mince affaire, car si l'archive
structure les termes du discours, elle délimite également ce qui
peut ou non s'énoncer ou un lieu ou une époque donnés. »
Foster
veut examiner le “structure mémorielle“ dans la pratique de
l'art moderne, le musée et l'histoire de l'art entre 1850-1950, et
décrire la “dialectique du voir“ à l'oeuvre dans cette
structure
1er
couple dans dialectique du voir = Baudelaire
/ Manet
(XIXe siècle)
2ème
couple : Proust
/ Valéry
(tournant XXe siècle)
3ème
couple : Panofsky
/ Benjamin
(aube 2nde GM)
=
dialectique de la réification et de la réanimation (structure
réflexions sur art/musée modernes)
Principale
hypothèse de Foster « l'histoire
de l'art est née d'une crise – toujours tacitement supposée,
parfois évoquée de façon exagérée –, d'une fragmentation et
d'une réification de la tradition, à laquelle cette discipline
s'est promis de remédier au moyen d'un projet rédempteur de réunion
et de réanimation. […]
Les crises de la mémoire
auxquelles cette discipline s »efforce de répondre sont
souvent des plus réelles ; mais précisément parce qu'elles sont
authentiques, l'histoire de
l'art ne peut pas les résoudre et doit se contenter de les déplacer,
de les suspendre, ou alors de s'y attaquer, encore et toujours. »
p.90
<
Baudelaire + Proust + Panofsky = chacun à sa façon, envisage
totalité de l'art = réunion // réanimation de l'art dans l'espace
du musée
<Manet
+ Valéry + Benjamin = dévoile, consciemment ou non, la constitution
de l'art en fragments ; réification par le musée // fragmentation
des oeuvres (que l'on peut alors utiliser comme objet à construire
et déconstruire)
Baudelaire,
Salon 1846 : “J'ai déjà remarqué que le souvenir était
le grand critérium de l'art ; l'art est une mnémotechnie du beau.“
schéma
baudelairien = peinture est un art de mémoire et le musée son
architecture
#
Manet pastiche de citations
directes = propose une “structure mémorielle“ de la peinture
européenne depuis la Renaissance ; mais pour Baudelaire, Manet
risque de corrompre structure mémorielle de la peinture par
références trop explicites, trop “photographiques“
« Baudelaire
et Manet conçoivent déjà l'art moderne en des termes relevant
implicitement de l'histoire de l'art, et cette conception dépend de
son cadre muséal. »
Valéry
= “Les musées sont en quelque sorte les caveaux de famille des
oeuvres d'art. Ils témoignent de la neutralisation de la culture“
# Proust
pour qui le musée est une sorte de perfection fantasmagorique de
l'atelier, endroit de réanimation extraordinaire, d'idéalisation
spirituelle
« Panofsky
essaie de limiter
la dialectique de la réification et de la réanimation à la seule
réanimation, Benjamin
cherche lui à exacerber
cette même dialectique en faveur de la réification, ou plutôt en
faveur du versant communiste de cette réification. »
Benjamin,
essai sur oeuvre d'art = « position “fordisme de gauche“ :
la désagrégation de la tradition, opérée par la reproductibilité
technique et la production de masse, est à la fois constructive et
destructrice ; ou, pour être plus juste, elle est d'abord
destructrice et donc potentiellement constructive. »
« pour
Malraux,
c'est le flux même de cette aura liquidée qui permet à tous les
fragments de se rejoindre dans le Fleuve de l'Histoire […]. Ici les
caveaux de famille réifiés du musée de Valéry deviennent les âmes
soeurs réanimées du musée de Malraux. L'ange
de l'histoire-catastrophe imaginé par Benjamin
devient chez Malraux l'humaniste technocratique qui cherche à
compenser les crises locales par une continuité globale, à
transformer le chaos des images en ordre muséologique. »
p. 95-96
4ème
relation archivistique = société de consommation après Seconde
Guerre Mondiale = Independant Group en Angleterre, situationnistes en
France, Warhol et Rauschenberg aux EU, Richter et Polke en Allemagne
« Existe-t-il
déjà une nouvelle relation archivistique, un cinquième temps dans
cette dialectique du voir, suscité par la numérisation de
l'information ? Si tel est le cas, entraîne-t-il la
désintégration et la liquidation de son aura, ainsi que
l'envisageait Benjamin avec la reproductibilité technique, ou
permet-il la découverte de nouvelles affinités stylistiques, la
stimulation de nouvelles valeurs artistiques, comme le prévoyait
Malraux dans son musée imaginaire ? Ou bien fait-il que cette
opposition, tous ces termes, cette dialectique entière soit en
quelque sorte périmée ? Quelle épistémologie culturelle un nouvel
ordre numérique pourrait-il garantir à la pratique artistique, au
musée, à l'histoire de l'art ?
Je
n'ai pas de réponses directes pour l'instant. D'une certaine façon,
la dialectique de la réification
et de la réanimation perdure, et avec plus d'intensité
qu'auparavant. D'une part, en
transformant des artefacts en information, la réorganisation
numérique semble fragmenter l'objet et liquider complètement son
aura. D'autre part, toute liquidation d'aura ne peut que nous pousser
à en demander – ou à en fabriquer – davantage, sur un mode
compensatoire qui nous est désormais familier. Comme il est
difficile de produire une nouvelle aura, la valeur de celle déjà en
place monte en flèche […]. »
<
archive électronique,
simulacre des oeuvres muséales « Une vision de ce mode
compensatoire fait dorénavant partie de la rhétorique courante du
musée d'art : l'archive électronique ne nous détourne pas de
l'objet muséal, nous dit-on, et le remplace encore moins ; elle est
bouée à nous ramener à l'oeuvre d'art et à accroître son aura.
Et, tout au moins au niveau opérationnel, cette archive n'entre pas
en conflit avec le protocole
fondamental de l'histoire de l'art, car tous deux fonctionnent par
l'iconographie ; à cet égard au moins, tous deux sont voués
à la référentialité de l'objet. » p.97
Foucault
“chaque tableau appartient désormais à la grande surface
quadrillée de la peinture ; chaque oeuvre littéraire appartient au
murmure indéfini de l'écrit“ [La
bibliothèque fantastique]
« pour
Foucault comme pour Malraux, la base de ce musée
imaginaire de l'art moderne est discursive : on peut presque dire
qu'elle repose sur des idées – les idées de Style, d'Art et de
Musée. Cette version où prévaut
la discursivité ne satisfait pas Benjamin,
puisqu'il met au premier plan le rôle matériel non seulement de la
reproduction photographique mais aussi de la “valeur d'exposition“.
Par ce terme il entend la “valeur d'échange“ qui, en pénétrant
l'institution d'art, transforme à la fois l'oeuvre d'art et son
cadre contextuel. » // Bauhaus
« la
valeur
d'exposition en art a acquis une totale autonomie,
au point d'occulter les objets exposés. Conception
de l'espace et présentation des oeuvres n'ont jamais autant été
mis en avant :
aujourd'hui,
ce que le musée expose avant tout, c'est sa “valeur
spectacle“
[…]. » p. 98
« si
l'ancien musée, tel qu'imaginé par Baudelaire, Proust, et au-delà,
était le site de la réanimation mnémonique de l'art visuel, le
nouveau
musée a tendance à séparer le mnémonique du visuel. La fonction
mémorielle du musée est de plus en plus déléguée à l'archive
électronique, à
laquelle on peut accéder de presque partout, tandis
que l'expérience visuelle est déléguée non seulement à la forme
exposition, mais aussi à l'édifice-musée en tant que spectacle
– c'est-à-dire en tant qu'image à faire circuler dans les médias
au service du capital de marque et de capital culturel. Cette image
est peut-être la forme principale de l'art public aujourd'hui. »
p. 99
– Erreur
sur le cadavre –
Art
faisait office d'indicateur essentiel de son contexte culturel, ou de
la réalisation de l'Esprit dans l'Histoire // Hegel
Art
contemporain n'est plus panneau indicateur, n'a
plus de relation à l'historicité (art n'assume plus ce qu'il
y a d'historiquement déterminé dans ses propres problèmes) n'est
plus symptomatique
Principe
premier de l'histoire = Wölfflin = « tout n'est pas
possible en tout temps »
<
aujourd'hui compromis
Versions
de la fin de l'art
1)
Donald Judd (minimalisme) < “l'histoire linéaire est en
quelque sorte partie en lambeaux“
Joseph
Kosuth (art conceptuel) < l'art-comme-philosophie : Art
avec un grand A devenu lui-même l'objet-médium des artistes avancés
Danto
< Warhol amène inconsciemment ou non l'art à la
conscience philosophique de soi, en reprenant question duchampienne
« Qu'est-ce que l'art ? »
=
« Mais du même coup, l'art n'avait plus rien de philosophique
à faire : sa raison d'être essentielle avait disparu et il pouvait
dès lors se consacrer à n'importe quoi – il serait jugé
[…] par le
critique-philosophe conformément à son degré d'intérêt
philosophique (et l'on devine qui, au bout du compte, s'en sort le
mieux). » p. 161
2)
Poststructuralisme = « ton
triomphal : l'art n'est plus, tout
est “représentation“ ; histoire et théorie de l'art se
subsument sous l'histoire et sous la théorie des représentations
pour être envisagées en termes de production textuelle et de
réception psychologique (les visual studies se sont
emparées de cette version, moyennant quelques révisions qui ancrent
la représentation dans les pratiques sociales). »
Marxisme
= plus désespéré, art est « dépassé par la domination du
fait de “l'image“, forme fondamentale de la marchandise dans
l'économie spectaculaire, de laquelle l'art ne peut plus prétendre
se distinguer »
//
Victor Burgin et Fredric Jameson
“Dialectique
de la modernité“
<
Greenberg et Fried < peinture d'avant-garde allant
de Manet à Frank Stella
« Cette
“dialectique“ étant redevable de l'unité formelle et de la
continuité historique, elle était gouvernée, de même que
l'histoire de l'art pré-moderne selon Wölfflin,
par une dynamique double du désenchantement de la perception et de
la résolution des problèmes formels »
<
enlisé dans les années 60 mais remis en question par art minimal,
art conceptuel, process art et body art « Tout
en en faisant la critique, ces pratiques ont prolongé ladite
modernité, du moins au titre de référence. Dans son déclin
même elle rayonnait ainsi d'une seconde vie qui allait prendre le
nom de postmodernité (le terme se rattachant ici qu'à ce type de
pratiques artistiques critiques). »
p. 162-163
Rosalind
Krauss, La
Sculpture dans le champ élargi (1979)
« approche
structuraliste de cette forme d'art : ni peinture ni sculpture
moderne, elle émergeait comme le négatif de ces catégories et
ouvrirait bientôt sur d'autres, telle que l'“architecture“
et le “paysage“, la “non-architecture“ et le “non-paysage“. »
[pratiques de “sites
marqués“ (Smithson), de “constructions de site“ (Mary Miss) et
de structures axiomatiques“ (LeWitt)]
« ces
trente dernières années, le “champ élargi“ a lentement
implosé, au fur et à mesure que les termes, jusqu'alors maintenus
dans une opposition fertile, se sont progressivement agrégés en un
précipité dénué de tension, ainsi que le montre les
innombrables combinaisons du pictural et du sculptural ou de l'art et
de l'architecture tels qu'on les rencontre dans l'art-installation
aujourd'hui – un art qui, pour sa
majeure partie, fait assez bien écho à la culture omniprésente du
design-and-display
(designer-et-présenter)
[…]. Voilà une indication
parmi d'autres de la manière dont l'art post-moderne, qui n'a émergé
que comme tropisme des catégories modernes, se voit aujourd'hui
dépassé à son tour. » p. 163-164
Modèle
de la modernité formaliste remis en question par postmodernité en
extension / Modèle de l'avant-garde d'avant-guerre recouvré dans la
néo-avant-garde d'après-guerre = ne conviennent plus pour conduire
ou décrire les développements significatifs de l'art et de la
critique
Question
de la répétition dans l'histoire
=
Marx
: l'histoire se produit à deux reprises, la 1ère sous forme de la
tragédie, 2ème sous forme de la farce // Peter Bürger,
Théorie de l'avant-garde (1974) qui étend la critique de
Marx « la répétition de l'avant-garde historique en
néo-avant-garde n'était pas simplement une farce ; elle en
renversait le projet initial qui visait à reconnecter l'institution
de l'art autonome sur la pratique du quotidien – une récupération
de l'institution même qu'il était supposé remettre en question »
=
lacunes historiques de cet argument pour Benjamin Buchloh
[cf. The Neo-Avant-Garde and
the Culture Industry (2000)]
=
autre modèle pour Hal Foster qui ne voit pas la répétition
de la néo-avant-garde simplement comme une forme de récupération
[cf. Le
retour du réel – Situation actuelle de l'avant-garde]
<
plus de modèles, absence de paradigme solide pour les pratiques
artistiques ou critiques ; à ceux qui y voient une bonne chose,
Foster répond que « notre paradigme-de-l'absence-de-paradigme
peut aussi bien encourager la plus plate indifférence […]
et ce défaut
posthistorique de l'art contemporain n'éprouve en rien le vieux
déterminisme historique de l'art moderne.
Chacun
d'entre nous (artistes, critiques, curateurs, historiens et
spectateurs) a besoin d'une trame narrative pour appréhender les
pratiques du présent – des histoires circonstanciées et non pas
des grands
récits.
Sans ce guide, nous risquons de nous embourbés dans le double deuil
de la post/modernité et de la néo/avant-garde.
Et plutôt que de nier cette conséquence, pourquoi ne pas l'admettre
et se demander alors “et aujourd'hui, qu'en est-il ?“. » p.
165-166
Possibilité
de survie de l'art (philosophie // Adorno)
« Et
de quoi serait donc faite cette “survie“ d'aujourd'hui ? Non pas
de la répétition explicite des dispositifs de l'avant-garde qui a
caractérisé la majeure partie de la néo-avant-garde dans les
années 1950 et 1960 (par exemple la peinture monochrome, le collage,
les objets ready-made)
et sans doute pas non plus la revendication plus mesurée des
stratégies propres à la majeure partie de l'art de la
néo-avant-garde des années 1970-1980 (par
exemple ces critiques institutionnelles parfois fort difficiles à
déchiffrer y compris pour les initiés). Peut-être
cette survie n'est-elle pas tant un refaire
qu'un faire-de-nouveau
ou tout simplement un faire-avec,
un recommencement et/ou un ailleurs. »
p. 167
Versions
de cette survie pour Foster
=
“traumatique“ / “spectrale“ / “désynchrone“ /
“incongrue“
=
exemples de pratiques
qui s'engagent dans des transformations formelles : « Elles
mettent ainsi le doigt sur la semi-autonomie du genre ou du médium,
mais ceci de manière réflexive qui ouvre sur des enjeux sociaux
[…]. Par [ce] biais […], de
telles oeuvres aident à restaurer
la dimension mnémonique de l'art contemporain et à résister à la
totalité présentiste
du design dans la culture aujourd'hui. »
* 1ère
version des modes de survie de l'art actuel implique l'expérience
traumatique
=
perte de l'avant-garde avec nazisme, stalinisme, guerre, Holocauste
« Plus encore qu'une division historique, [ce
défaut, manque de l'avant-garde] a induit en art un blocage
culturel, “un défaut de deuil“ qui a longuement persisté.
De nos jours, cela dit, ce défaut (ou ce refus) de mémoire a
encouragé un impératif
compensatoire à se rappeler, sous la forme des nouveaux
musées et des trauma studies (étude des traumas) – un
impératif qui semble parfois plus
automatique que mnémonique. »
=
Hans Haacke,
Germania,
installation Biennale Venise 1993 pour laquelle il avait brisé le
sol en marbre du pavillon de l'ère nazie ; Gerhard Richter,
October 18, 1977,
peintures bande à Baader
=
Robert Gober
installation de 1989 trauma du racisme américain, jeu de différentes
opposition en particulier différences raciales et sexuées
* 2ème
stratégie : Spectralité // Persistance fantôme
=
même installation de R. Gober
qui « existait ainsi dans l'ombre non seulement d'une histoire
traumatique mais des signifiants même de l'art » « “ombrage“
de précédents artistiques est primordial » et remarque qu'il
souvent spectral dans l'art contemporain
=
« Derrida
dit de la “hantise“ qu'elle est “cela même qui domine le
discours d'aujourd'hui“ : “Après la fin de l'histoire, l'esprit
vient en revenant.
Il figure à la fois
un homme mort qui revient et le retour attendu d'un fantôme, qui se
répète, encore et encore.“ »
=
Rachel Whiteread,
House,
1993
* 3ème
dans les conditions de l'après consiste en la mise en scène
de formes asynchrones
=
Inventer
un nouveau médium à partir des restes de formes anciennes et de
maintenir ensemble différents repères temporels au sein d'une même
structure visuelle_ double réflexivité à l'oeuvre
« un médium se voit (re)constitué de façon récursive, une
récursivité
qui reste néanmoins ouverte à un contenu social »
« la
“forme“ n'est souvent rien d'autre que du “contenu“ sédimenté
en histoire »
//
Kentridge
(“projections dessinées“) analogies moments oubliés de
l'histoire de l'art (avant industrialisation du cinéma) et moments
oubliés, occultés voire supprimés de l'histoire sociale
(l'Apartheid en Afrique du Sud)
« Ce
déploiement de l'asynchrone bouscule les appropriations totalisantes
de la culture capitaliste et remet en question sa prétention à
l'intemporalité
; elle la défie également en se servant de ses propres symboles
d'espérance et lui suggère se se rappeler les rêves abandonnés de
liberté, d'égalité et de fraternité. C'est cette dimension
mnémonique du suranné qui doit continuer d'être déjouée
aujourd'hui. »
p. 175
Changement
du suranné : exemple du cinéma
qui avant était médium du futur « c'est aujourd'hui l'index
privilégié d'un passé récent et par là l'élément fondamental
de la protestation asynchrone contre la totalité présentiste
de la culture du design.
[note : Cette position se distingue de la mélancolie moderne d'un
Godard ou d'un Wenders à propos de “la mort du cinéma“. Elle
cherche à mobiliser cette mort.] »
//
Stan Douglas
: “les formes obsolètes de communication deviennent un index pour
la compréhension du monde que nous avons perdu“ ; se servir de ces
formes, c'est “évoquer ces moments où l'histoire aurait pu partir
dans telle direction ou dans telle autre. Nous vivons dans les restes
de tels moments et, pour le meilleur ou pour le pire, leur potentiel
n'est pas encore tari“
* 4ème : « Si
la stratégie de l'asynchrone est de maintenir ensemble des repères
de temps différents, celle de l'incongru
[…]
consiste quant à elle à juxtaposer les marques d'espaces
différents. Je pense
aux objets hybrides et tableaux circonstanciés de David Hammons,
Jimmie Durham,
Felix Gonzalez-Torres,
Rirkrit Tiravanija
et Gabriel Orozco.
Souvent performatives et provisoires, ces oeuvres génèrent une
sorte de critique
lyrique : elles compliquent leurs objets récupérés par
l'intermédiaire d'objets inventés, elles recadrent des espaces
donnés et, ce faisant, prennent souvent leurs distances avec le
souvenir énigmatique de l'in
situ. »
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