Le paysage
Auteur : Georg Simmel (1858 – 1918) , Philosophie du paysage, in Jardins et paysages : une anthologie – textes colligés par Jean-Pierre Le Dantec édit. De la Villette, coll. Penser l’espace, 1996, 2003/ Source/ Gerorg Simmel, La Tragédie de la culture et autres essais, chap. : « Philosophie du paysage », trad. Comille et Ivernel, Rivages, Paris et Marseille, 1988.
Auteur : Georg Simmel (1858 – 1918) , Philosophie du paysage, in Jardins et paysages : une anthologie – textes colligés par Jean-Pierre Le Dantec édit. De la Villette, coll. Penser l’espace, 1996, 2003/ Source/ Gerorg Simmel, La Tragédie de la culture et autres essais, chap. : « Philosophie du paysage », trad. Comille et Ivernel, Rivages, Paris et Marseille, 1988.
A propos de l’auteur :
Héritier de la critique kantienne, influence de Nietzsche. On dit qu’il est le
premier à avoir proposé une réflexion proprement philosophique à propos du
paysage.
Thèses cardinales :
-
Le
sentiment du paysage comme invention de l’époque moderne
-
Le
paysage comme œuvre d’art arrachée au « sentiment unitaire de la grande
nature »
-
La « Stimmung »
du paysage
« D’innombrables fois, il nous arrive d’aller
à travers la nature et de percevoir avec les degrés d’attention les plus
divers, arbres et eaux, collines et maisons, et les milles transformations en
tous genres de la lumière et des nuages – mais remarquer tel détail, ou même
contempler simultanément ceci et cela ne suffit pas encore à nous donner
conscience de voir un « paysage ». Pour en arriver là, il ne faut
justement plus que tel contenu singulier du champ de vision captive notre
esprit. La conscience doit avoir, au-delà des éléments, un nouvel ensemble, une
nouvelle unité, non liés aux significations particulières des premiers ni
composés de leur somme mécaniquement, pour que commence le paysage. …
Que les éléments visibles en un coin de la
terre relèvent de la « nature » (p.369) … cela ne fait pas encore de
ce lieu un paysage. Par le terme
de nature, nous entendons la chaine sans fin des choses, l’enfantement et l’anéantissement
ininterrompus des formes, l’unité fluide du devenir, s’exprimant à travers la
continuité spatiale et temporelle. Quand nous appelons nature quelque réalité,
nous désignons par là ou bien sa qualité intérieure sa différence par rapport à
l’art et à l’artifice comme par rapport à l’idéel et l’historique, ou bien le
fait que cette réalité doit passer pour le représentant symbolique de l’être
global évoqué ci-dessus, et qu’en elle nous entendons son grondement et son
flot. …. La nature n’a pas de morceaux, elle est l’unité d’un tout …
Quant au paysage, c’est justement sa délimitation,
sa saisie dans un rayon visuel momentané ou bien durable qui le définissent
essentiellement …. , bref une
singularité, un caractère l’arrachant à cette unité indivisible de la nature, …
Tel me paraît maintenant l’acte de l’esprit
par lequel l’homme va modeler un groupe de phénomènes pour l’intégrer à la catégorie
du paysage : ce sera une vision close et alors ressentie comme unité se
suffisant à elle-même, bien que liée à une étendue et à un mouvement infiniment
plus vastes … La nature, qui dans
son être et son sens profonds ignore tout de l’individualité, se trouve remaniée
par le regard humain – qui la divise et recompose ensuite des unités particulières
- en ces individualités qu’on
baptise paysages.
On a souvent observé que le « sentiment
de la nature » proprement dit ne s’est développé qu’à l’époque moderne, …
L’individualisation des formes de vie intérieures et extérieures, la
dissolution des attaches et des relations originaires au profit de réalités
autonomes à caractère différencié – cette formule majeure de l’univers post-médiéval
a permis aussi de découper le paysage dans la nature.»
Plus loin dans le
texte : sur la Stimmng du
paysage révélant le sentiment particulier et englobant dans le paysage, au-delà
d’attributs de paysage qui symboliseraient des concepts généraux tels la mélancolie etc.
« Seulement,
par Stimmung, nous ne devons pas
entendre ici un de ces concepts abstraits sous lesquels nous subsumons l’élément
général de Stimmungen très diverses
pour mieux les désigner : serein ou sérieux, héroïque ou monotone, animé
ou mélancolique, ainsi nommons nous les paysage, laissant donc sa propre Stimmung immédiate se diffuser à un
niveau qui à vrai dire s’annonce aussi secondaire psychiquement, et ne retient
de la vie originaire que les échos non spécifiques. Au contraire, la Stimmung de ce paysage, dont il est ici
question, n’est que la Stimmung de ce
paysage et rien de plus. » p.374 (Vs le concept général de la mélancholie).
Dans sa particularité la Stimmung fait
émerger l’unité formelle du paysage. »
Stimmung :
sentiment au sens large et profond englobant, sentiment, atmosphère renvoyant
au Gemuet allemand qui se veut être
un état général dans lequel on se trouve, sauf que la Stimmung est ici associé à l’objet de contemplation : le
paysage, et il détermine à la fois ce qui émane du paysage et de notre état d’âme,
puisque c’est notre vision et compréhension qui forme l’unité de paysage.
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