Bienvenu sur ce blog réalisé par les étudiants de l’Université Rennes 2 qui préparent le concours de l’agrégation arts plastiques, et qui a pour but de mutualiser et partager des savoirs relatifs à ce concours.

Un grand nombre des articles que vous trouverez ici vous présenteront des fiches de lecture concernant les livres indiqués dans les différentes bibliographies relatives aux épreuves écrites.

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dimanche 21 octobre 2012

L’œil et l’esprit


L’œil et l’esprit
Merleau-Ponty

éditions Gallimard, 1964

M-P entame sa réflexion par un commentaire sur la pensée scientifique tout en indiquant comment et dans quelle direction il souhaiterait qu’elle évolue. Il aborde ensuite les notions de perception et de vision, de voyant et de visible. Pour lui voyant et le visible s’appellent l’un l’autre. Le voyant subsume le visible. L’objet vu se décrit lui-même à l’artiste qui le peint. L’inspiration part donc de l’objet pour rencontrer le peintre, et pour véritablement voir et peindre, le peintre doit alors s’incarner en l’objet. M-P parle d’une prolongation du corps du voyant dans ce qui l’entoure, dans ce qu’il voit. Il y a donc toujours un retour au corps perceptif et perceptible, il est la mesure de toute vision, de toute représentation.
Enfin, M-P met en avant la capacité des chefs-d’œuvre à s’exprimer au delà du peintre, au delà de l’objet peint, et au delà d’eux mêmes. L’œuvre a cette capacité de se détacher de son contexte et délivrer à chaque époque et chaque spectateur un discours neuf.

p.10 Aujourd’hui dans la philosophie des sciences, la pratique constructive est autonome. La pensée se réduit délibérément à l’ensemble des techniques de prise ou de captation qu’elle invente.
« Penser, c’est essayer, opérer, transformer, sous la seule réserve d’un contrôle expérimental où n’interviennent que des phénomènes hautement « travaillés », et que nos appareils produisent plutôt qu’ils ne les enregistrent. »
p.11 « La pensée « opératoire » une sorte d’artificialisme absolu. »

p.12 « Il faut que la pensée de science – pensée de survol, pensée de l’objet en général – se replace dans un « il y a » préalable. »
p.13 « Il faut qu’avec mon corps se réveillent les corps associés. »
« La pensée allègre et improvisatrice de la science apprendra à s’appesantir sur les choses mêmes et sur soi-même, redeviendra philosophie. »

p.14 « Le peintre est seul à avoir droit de regard sur toutes choses sans aucun devoir d’appréciation. »
p.15 peintre = « souverain sans conteste dans sa rumination du monde. »
p.16 « C’est en prêtant son corps au monde que le peintre change le monde en peinture. »
L’immersion du corps visible de l’artiste dans le monde = oriente, modifie sa vision et sa représentation du monde.

p.18 « corps à la fois voyant et visible »
p.19 « Le monde est fait de l’étoffe même du corps. »
Le monde extérieur et visible serait alors le prolongement même du corps.
« La vision est prise ou se fait du milieu des choses. »
p.21 Le corps humain est le fruit de croisements entre les éléments qui le composent (yeux, mains)
« Or, dès que cet étrange système d’échanges est donné, tous les problèmes de la peinture sont là. Ils illustrent l’énigme du corps et elle les justifie. Puisque les choses et mon corps sont fait de la même étoffe, il faut que sa vision se fasse de quelque manière en elles, ou encore que leur visibilité manifeste se double d’une visibilité secrète : « la nature est à l’intérieur », dit Cézanne. Qualité, lumière, couleur, profondeur, qui sont là-bas devant nous, n’y sont que parce qu’elles éveillent un écho dans notre corps, parce qu’il leur fait accueil. »

p.26 « Pure ou impure, figurative ou non, la peinture ne célèbre jamais d’autre énigme que celle de la visibilité. »
p.27 « Voir c’est avoir à distance. »
Le peintre « donne existence visible à ce que la vision profane croit invisible. »
« Vision dévorante par delà les « données visuelles ». »

p.30 « C’est la question de celui qui ne sait pas à une vision qui sait tout, que nous ne faisons pas, qui se fait en nous. »

p.36 Critique de l’analyse de Descartes : image = symbole interprété par l’esprit
p.44 Pour Descartes « la peinture n’est alors qu’un artifice qui présente à nos yeux une projection semblable à celle que les choses y inscriraient et y inscrivent dans la perception commune, nous fait voir en l’absence de l’objet vrai comme on voit l’objet vrai dans la vie et notamment nous fait voir l’espace là où il n’y en a pas. »

p.49 question des techniques perspectives de la Renaissance.
« Elles n’étaient fausses que si elles prétendaient clore la recherche et l’histoire de la peinture, fonder une peinture exacte et infaillible. »
p.51 « La perspective de la Renaissance n’est pas un « truc » infaillible : ce n’est qu’un cas particulier, une date, un moment dans une information poétique du monde qui continue après elle. »

p.54 « Le corps est pour l’âme son espace natal et la matrice de tout autre espace existant. »
p.55 « En vérité il est absurde de soumettre à l’entendement pur le mélange de l’entendement et du corps. »

p.62 « Quant à l’histoire des œuvres, en tout cas, si elles sont grandes, le sens qu’on leur donne après coup est issus d’elles. C’est l’œuvre elle-même qui a ouvert le champ d’où elle apparaît dans un autre jour […]. »

p.70 « L’art n’est pas construction, artifice, rapport industrieux à un espace et à un monde du dehors. »
p.71 « C’est cette animation interne, ce rayonnement du visible que le peintre cherche sous les noms de profondeur, d’espace, de couleur. »

p.73 « il n’y a pas de ligne visible en soi. »
p.76 « Figurative ou non, la ligne en tous cas n’est plus imitation des choses ni chose. C’est un certain déséquilibre ménagé dans l’indifférence du papier blanc, c’est un certain forage pratiqué dans l’en soi, un certain vide constituant. »

p.78 Donner l’illusion du mouvement « C’est une image où les bras, les jambes, le tronc, la tête sont pris chacun à un autre instant, qui donc figure le corps dans une attitude qu’il n’a eue à aucun moment, et impose entre ces parties des raccords fictifs […]. »
« Le tableau fait voir le mouvement par sa discordance interne. »

p.81 « La vision n’est pas un certain mode de la pensée ou présence à soi : c’est le moyen qui m’est donné d’être absent de moi-même, d’assister du dedans à la fission de l’être, au terme de laquelle seulement je me ferme sur moi. »

p.92 « Si nulle peinture n’achève la peinture, si même nulle œuvre ne s’achève absolument, chaque création change, altère, éclaire, approfondit, confirme, exalte, recrée ou crée d’avance toutes les autres. Si les créations ne sont pas un acquis ce n’est pas seulement que, comme toutes choses, elles passent, c’est aussi qu’elles sont presque toute leur vie devant elles. »

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